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Du lycée au Parlement européen, mes premiers ressentis après trois mois de mandat

Cher.es ami.es,

J’en suis à trois mois d’un mandat qui en fera six, voici donc une première newsletter qui est déjà un bilan de mi-mandat. Après trois mois, je suis toujours partagé entre deux sentiments. Tout d’abord le syndrome de l’imposteur : je me retrouve au Parlement en fin de mandat, les textes majeurs sont votés ou en fin de parcours, et le Parlement déjà en campagne.  J’ai dû comprendre rapidement les bases du fonctionnement du Parlement européen et de ses procédures.  Il a fallu, il faut encore, que je me forme rapidement sur des sujets qui n’étaient pas forcément les miens. Si je connaissais le nucléaire, le libre échange, l’extractivisme, j’ai découvert l’expulsion des Massaï, le marché du médicament, le contrôle budgétaire… J’ai eu l’impression, pendant mes vacances de Noël, de réviser le baccalauréat deux semaines avant l’épreuve sans avoir rien fait de l’année. J’avais déjà fait ça en 1993, et je n’avais pas eu mon bac. La différence, quand même, avec 1993, c’est qu’aujourd’hui, il y a internet, et que préparer tout ces ces sujets, c’est bien plus motivant que de comprendre et d’admettre que i² = -1 (traumatisme mathématique). 

S’ajoute à cela un sentiment d’urgence. L’urgence d’alerter sur des situations dramatiques, comme celles des Massaï ou dans l’Est de la RDC, l’urgence de dénoncer la course au Libre échange qui semble être la boussole économique de la majorité du Parlement, au dépend des paysans d’Europe et des pays du Sud, et au détriment du climat. L’urgence de lutter contre le retournement politique de cette assemblée, qui semble parfois se résigner d’avance à la victoire des anti-Europe en juin prochain. Les victoires écologiques sur la restauration de la nature, sur le Green new deal, sont détricotées, contrecarrées par des reculs inquiétants comme le vote sur les nouveaux OGM, les méga-camions ou la relance du nucléaire.

C’est très frustrant, mais la frustration, en politique, c’est un moteur. 

Je découvre aussi comment fonctionne ce Parlement, très différent de l’habitude française des blocs majorité/oppositions, que ce soit à l’Assemblée ou dans des conseils municipaux. Ici, la culture, c’est vraiment le compromis.

D’un côté, cela donne des rapports plutôt polis, sereins, constructifs dans la construction des textes et des positions.

De l’autre, cette logique amène parfois à valider, “pour être dans le deal” des avancées qui n’en sont pas vraiment, avec des textes qui mélange des principes sur les droits humains, l’environnement, déjouées ailleurs par la défense de propriété privée ou de la libre concurrence. Nous négocions en ce moment le “paquet pharmaceutique” pour renforcer la législation et mieux protéger les citoyen.nes dans leur accès aux médicaments, le principal point d’achoppement porte sur la durée des brevets accordés aux entreprises, que nous proposons de réduire (avec la gauche), et que la droite et les libéraux (dont Renaissance) veulent allonger, au nom de la défense des industries européennes, l’intérêt général étant, visiblement pour eux, d’abord celui du lobby pharmaceutique. 

Autre exemple j’ai toujours du mal à comprendre pourquoi l’Union européenne signe avec le Rwanda, avec tous les mots qui “vont bien” (durable, coopération, développement…), des accords pour sécuriser son approvisionnement en minerais dont on sait pertinemment qu’une partie est directement issu du pillage et des violences en RDC voisine.

Le vocabulaire est une arme politique, les mots sont usés, vidés de leur sens, et la novlangue européenne qui en découle brouille son message et renforce les préjugés eurosceptiques, à droite comme à gauche. 

150 jours c’est court, plus que quelques semaines pour comprendre, agir, et poursuivre avec mon équipe, mes collègues député.es, au mieux les combats écologistes au Parlement. Quelques semaines pour aller sur le terrain rencontrer les acteurs, les militant.es, les citoyen.nes pour écouter, partager, convaincre. En gardant toujours à l’esprit  ce qu’a été l’engagement de Michèle, sa combativité et son enthousiasme. 

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