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L’Europe est mal partie

Les guerres en Ukraine et au Moyen Orient occupent une large place dans l’espace médiatique, et lors des débats au sein du Parlement européen. L’Ukraine est au programme de chaque session, et des résolutions sur la Palestine et Israël sont votées pratiquement à chaque fois, avec les mêmes clivages et, malheureusement, l’opposition persistante d’une majorité du parlement à la reconnaissance du risque génocidaire que vivent les palestinen.nes de Gaza. Le Parlement a également voté une résolution sur la situation au Soudan, ravagé par la guerre civile et menacé par la famine ; il a aussi débattu de la situation catastrophique en République Démocratique du Congo (RDC), mais ces sujets ne sont pas mis en lumière par nos médias ni par nos débats politiques européens.   

Pourtant, il y aurait à dire sur ces catastrophes en cours. Concernant le Soudan, les pays membres de l’UE viennent de s’engager financièrement pour une aide humanitaire exceptionnelle. Au sujet de la RDC, l’Union, pleinement connaissante de la situation catastrophique à l’Est du Kivu, signe quand même un protocole d’accord avec le Rwanda sur les matières premières, notamment du coltan, que le Rwanda exporte au-delà de ses capacités de production. Du coltan qui vient du Kivu, et obtenu par les exactions des milices du M23, financées par le gouvernement rwandais. Quand de nombreux députés européens, dont je fais partie, ont interpellé la commissaire Urpilainen pour suspendre cet accord, sa réponse a été de nous informer qu’un accord semblable a été signé avec la RDC quelques mois plus tôt (sic!). Aujourd’hui, la ville de Goma est encerclée, et un million de réfugiés s’y entassent dans des camps de fortune. Face à la crise, la priorité de l’Union reste la défense de ses intérêts.

Au nom de ses intérêts, de sa “sécurité”, l’Union européenne détourne par ailleurs une grande partie de l’aide au développement qu’elle consacre au financement de la protection de ses frontières. Plutôt que de construire des écoles là où l’on en manque, l’Europe se construit en une immense prison. Elle adjoint aux accords de Samoa, qui marquent pourtant des avancées dans les relations entre l’UE et les pays ACP (Afrique Caraïbes Pacifique), un protocole sur les politiques migratoires, conditionnant indirectement à celles-ci l’aide au développement fournie par l’UE. 

Nous fêterons bientôt les cinquante ans de la candidature de René Dumont, dont le livre “L’Afrique noire est mal partie” fit scandale lors de sa parution. En début d’année, un économiste Sud Africain, Philip Kofi Adom, confirme malheureusement les constats de Dumont à la lumière du changement climatique : dans les prochaines décennies, “si rien n’est fait, 50 millions d’Africains seraient confrontés au manque d’eau et devraient se déplacer vers d’autres régions. 200 millions d’entre eux pourraient être touchés par la faim.” L’Europe prend aujourd’hui conscience, avec la guerre en Ukraine, de la fragilité de son espace de paix. Elle se rend compte, avec la guerre en Palestine, du risque d’un nouvel embrasement du monde. Elle doit aussi prendre conscience que son avenir ne se trouve pas dans son propre enfermement, car il est aussi étroitement lié à la situation des peuples d’Afrique.

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