Par la décision unilatérale du report des élections, le président Macky Sall plonge le Sénégal dans une crise politique inédite. Il doit entendre la mobilisation du peuple afin de ramener le pays sur la voie qu’il a empruntée pendant plus de 30 ans : celle de la démocratie. Cela passe par la tenue d’élections libres et démocratiques.
Je devais participer avec d’autres députés européens à une délégation d’observation des prochaines élections présidentielles au Sénégal, dont le premier tour était prévu le 25 février. Cette mission n’aura pas lieu suite à l’annonce du président Macky Sall du report des élections, quelques heures avant l’ouverture officielle de la campagne, report confirmé par un vote du parlement sénégalais la nuit dernière.
Depuis que ce scrutin présidentiel y est organisé démocratiquement, jamais il n’avait été reportée, c’est donc aujourd’hui une situation politique plus qu’inquiétante.
En effet, les principaux candidats opposants au président sortant, qui a redit son souhait de ne pas se représenter, ont été écartés les uns après les autres. L’ombre du report planait depuis de nombreux mois sur cette élection, et c’est au dernier moment, à quelques semaines du scrutins, que le président en décide, et l’a fait adopter par son parlement, en faisant expulser manu militari les députés de l’opposition. Cette loi prévoit un report en décembre et la prolongation du président actuel dans ses fonctions, il s’agit bien d’un coup de force politique contraire à la constitution. Qu’est-ce qui empêche désormais M. Sall de prolonger à nouveau cette situation ? A l’inverse, qu’est-ce qui justifie le report à plus de six mois d’une élection qu’attendent les Sénégalaises et sénégalais, indispensable à la vie démocratique du pays ?
Les Sénégalais vont se mobiliser. Ils n’ont pas la possibilité de manifester, alors ils appellent à un concert de sifflet, de klaxon et de casseroles. Jeudi 8 février, un appel à la grève générale était lancé.
En tant que député européen, je déplore la situation qui plonge le pays dans une crise politique inédite. Il est indispensable que la présidence actuelle entende la mobilisation du peuple pour retrouver le chemin de ce qu’est depuis plus de 30 ans le Sénégal, une démocratie.